La vie domestique et familiale


Le rôle des parents et grands-parents

C’est ma grand-mère qui s’occupait de nous car mes parents travaillaient tous les deux. Mon père était maçon à Bègles. Maman a débuté à Bordeaux chez Tachon dans une usine de chaussures, puis elle est entrée au grand hôtel de la gare Saint-Jean à Bordeaux comme femme de chambre.
Ma grand-mère, originaire de Sore, dans les Landes, s’appelait Rosine et ma mère Nadie. Ce n’étaient pas des prénoms courants. Ma grand-mère est devenue veuve quand ma mère avait neuf ans. Elle s’est placée chez un vétérinaire, avec la fille duquel ma mère a été élevée. Grâce à cela, maman a eu une bonne instruction.
Ma grand-mère faisait le potager, le jardin, les fleurs. Mes parents rentraient tous les jours à la maison.
Ma grand-mère m’a appris à faire la cuisine. Petite, je regardais ma grand-mère cuisiner. Ma mère, non, car elle n’avait pas le temps. J’avais douze ans quand j’ai appris à faire ma première blanquette de veau. Quand on l’a mangée, ma grand-mère m’a tapé sur l’épaule et m’a dit « Ma chérie, je suis très contente de toi, tu seras une bonne cuisinière. » J’ai beaucoup aimé cuisiner, j’ai beaucoup cuisiné. J’avais un mari qui était gourmet, il vaut mieux un gourmand, je vous assure. (Annie Réglat)


Les aides : bonnes, femmes de ménage…

Ma femme est devenue ma secrétaire médicale après notre mariage en 1949. À la maison, heureusement, elle avait quelqu’un pour l’aider, une petite bonne qui habitait chez nous. Elle était de Fargues-sur-Ourbise et de très grands amis, chez qui nous allions tous les dimanches, nous l’avaient recommandée. (René Picot)

Lorsque j’ai pris mon poste d’enseignante à Bègles en 1955, ma fille allait à l’école maternelle Boileau, mon second garçon entrait en sixième et mon premier garçon en troisième au lycée Montaigne. Les garçons prenaient le bus pour se rendre à Bordeaux ; c’est mon mari qui leur avait appris le trajet. De mon côté, j’allais à l’école Gambetta à vélomoteur et mon époux se déplaçait avec une voiture traction avant. Je mettais ma fille sur mon porte-bagage.
Je ne me chargeais pas entièrement des tâches domestiques. J’ai toujours eu des femmes de ménage. Ma plus proche voisine a été pendant longtemps ma femme de ménage. Elle était très contente et moi aussi. Je n’étais pas du genre à dire « Oh, elle a oublié d’essuyer ceci ou cela. » mais il fallait que ce soit en ordre. Elle faisait le gros comme elle voulait et moi j’étais heureuse de ne pas avoir à m’en occuper. Elle venait deux heures le matin ranger la cuisine et faire les chambres. Je ne m’en occupais pas du tout. Elle me faisait également le repassage. Pour la lessive, j’avais une laveuse à laquelle je portais mon linge. Elle habitait à cinq cents mètres de chez moi et on me l’avait recommandée. Elle m’a lavé le linge pendant des années. (Madeleine Pinaud)


Travail et maternité

Je me suis mariée quand il y a eu l’incendie dans les Landes, en 1949 je crois. C’était après la guerre. Mon frère et mon futur mari étaient grands copains et s’étaient engagés tous les deux, mon frère dans la flotte à Toulon et mon mari dans l’armée du maréchal de Lattre de Tassigny. Quand mon futur mari est rentré de la guerre, il ne m’a pas reconnue. On s’est mariés à la mairie de Bègles, vite fait. Il ne fallait pas parler d’église, de communion, ni de rien avec mon père. Moi j’aurais bien aimé, ma mère aussi, mais ça n’était pas possible.
J’ai travaillé enceinte à la sécherie de morue, jusqu’au bout. Je vomissais beaucoup le matin. C’est mon beau-père qui en était le contremaître à cette époque-là, c’était très dur : « Allez, au champ. » me disait-il. Ils appelaient le séchoir, « le champ ». J’ai accouché chez moi avec une sage-femme qui habitait rue Pierre Curie. Elle m’a dit « C’est un garçon. », quel bonheur pour mon mari. Je ne pouvais pas rester allongée, il y avait trop à faire. J’ai eu un congé maternel mais il a vite été terminé. Une fois que j’ai repris le travail, je ne me rappelle plus comment je me suis débrouillée pour travailler avec mon fils. Il a eu de l’instruction, lui. Il voulait être couturier. Il aimait la couture, le canevas, le tricot, mais il est finalement allé chez Pigier et est devenu comptable. Contrairement à mon père, il était très pieux et a voué une grande partie de sa vie à la Vierge Marie. (Renée Castre)

Bien qu’inscrite à Bagatelle, j’ai accouché chez moi car le mois qui a précédé mon accouchement, un enfant avait été changé pour un autre et je n’ai pas souhaité y accoucher. J’ai eu une grossesse charmante, avec un congé de maternité de trois mois, un mois avant l’accouchement et deux mois après. Ma mère s’est ensuite occupée de mon fils pendant que je travaillais. Nos maisons étaient attenantes cours Victor Hugo. (Simone Malherbe).

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