Les petits boulots
Papa
ne me demandait jamais rien. Il n’était pas sévère du tout. C’est surtout ma
grand-mère qui commandait. Je partais le matin, je faisais mon lit et quand je
rentrais de l’école, je devais faire les lits de mes frères et passer un coup
de balai dans leur chambre. J’étais la seule fille de la famille et j’étais
l’aînée.
Mes
frères avaient le droit d’aller au cinéma le jeudi mais moi, comme j’écrivais
très mal, j’étais punie presque tous les jeudis. Je devais faire des lignes
d’écriture. Je pouvais protester mais il fallait mettre des gants.
C’est
moi qui faisais les courses. Mon frère Alain me demandait souvent de lui
acheter des gâteaux et nous allions les manger en cachette à la cave. On allait
faire les courses tous les jours car il n’y avait pas de frigo avant la guerre.
J’aidais
ma grand-mère à faire la lessive. C’était fatigant. On mettait le linge dans un
grand bail en fer. On le faisait chauffer dehors sur le feu avec un trépied, on
le faisait bouillir puis on le rinçait avec l’eau du puits. Comme nous étions
six à la maison, on faisait le linge toutes les semaines. Moi, j’arrivais quand
c’était en train : je tirais l’eau surtout. (Annie Réglat)
Quand
j’ai commencé à être grande, ma mère exigeait que je fasse tous les jeudis le
ménage d’une pièce à fond. J’étais fille unique avec des parents assez âgés, ma
mère était née en 1885 et m’a eue à trente-cinq ans. Parmi mes camarades de
classe, il y avait beaucoup d’enfants uniques. C’est la génération de parents
où ils étaient cinq ou six par famille dont beaucoup ont été décimés pendant la
guerre de 1914. Ça les avait traumatisés et beaucoup ont choisi de n’avoir
qu’un seul enfant, comme mes parents. (Simone Malherbe)
Les
jeux
Lorsque
j’étais enfant, j’allais jouer au cerf-volant avec mes amis du Prêche sur l’actuel stade Duhourquet. On appelait ça le Pré de la Prolétarienne car c’est là que
la Prolétarienne Sportive Béglaise
avait installé son terrain de basket. (Louis Delmas)
La musique
On
avait un petit poste de radio à boutons car maman adorait la musique et
chantait beaucoup. Elle était soprano alto. On a tous fait de la musique. J’ai
commencé le solfège vers l’âge de dix ans, en 1930, et j’ai appris le violon
jusqu’à seize ou dix-sept ans. Je souhaitais jouer du piano mais ma mère n’a
pas voulu parce que ça prenait trop de place et que c’était très cher. Alors
j’ai étudié le violon. Mon frère Guy, qui avait deux ans de moins que moi, a
appris le piston, et mon frère Alain, le saxo. C’est lui qui en a fait le plus.
J’ai bien aimé le violon, c’est difficile. J’ai eu pas mal de coups d’archet
sur les doigts.
Mon
premier professeur de musique était installé à côté de la barrière de Bègles,
boulevard Albert 1er, mais il a été réquisitionné par les Allemands.
Je suis donc allée chez un autre professeur particulier, boulevard Jean-Jacques
Bosc. Mais lui aussi a été réquisitionné si bien que je n’avais plus de
professeur. Comme j’étais déjà en activité professionnelle, je n’ai pas voulu
reprendre le violon. Ma mère a revendu l’instrument là où elle l’avait acheté. (Annie
Réglat)
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