Je
suis né à Bègles en 1920, rue Louis Rochemont, anciennement rue de la Gare dans
le quartier de l’église, puis j’ai déménagé avec mes parents dans une rue
parallèle, rue Durcy. Ma mère était maraîchère comme ses parents. Mon père
était lui aussi maraîcher mais au bout de quelques années, il a décidé d’élever
des cochons pour gagner un peu plus d’argent et il a construit une porcherie
dans le fond de notre terrain.
Notre
maison était un plain-pied sans électricité. On s’éclairait au carbure et au
pétrole. Le carbure, sous l’effet de l’eau, dégage un gaz qui sent très mauvais
mais ça donne une lumière très claire. Le premier jour où nous avons eu
l’électricité, ce devait être en 1927, il a suffi de tourner un bouton et nous
avons été inondés de lumière. Je m’en souviens comme si c’était hier. (René Picot)
Mariage de René Picot, rue Durcy à Bègles, dans le jardin de sa maison dʼenfance. |
À mon arrivée sur Bègles en 1955, je me suis d’abord installée
pendant six mois dans un logement de fortune destiné à la destruction. Je
venais d’être mutée à l’école Gambetta de Bègles et j’avais parcouru toute la
ville pendant un mois sans trouver la moindre location. Je suis finalement
allée demander un logement au maire de Bègles, Monsieur Bouc, qui m’a tirée
d’affaire. Il a levé les bras au ciel « Et comment ? Vous avez demandé Bègles ? » Il a dû
avoir un petit sentiment de pitié. Il m’a dit qu’il y avait un logement miteux,
mais libre, près de l’actuel foyer Ambroise
Croizat et m’a proposé de m’y installer en attendant de trouver autre
chose. À cette époque-là, c’était une propriété fermée avec un grand mur
et un grand portail, longée par un appartement vieillot où nous nous sommes
installés.
Le
maire nous a ensuite proposé une location à la Cité du Dorat, une maison individuelle située 27 rue
Pierre Sémard. Nous y avons vécu pendant une dizaine d’années. Il a fallu
ensuite que nous la quittions pour un plain-pied à Mussonville car mon mari
devenait aveugle et le logement rue Pierre Sémard a été attribué à mon fils.
Le Dorat appartenait aux HLM Midi. Notre cité, rue Pierre Sémard,
était formée d’un groupe de maisons individuelles en mitoyenneté. Ensuite, à
proximité, ont été construits des immeubles collectifs. Il y avait beaucoup de
cheminots mais un certain pourcentage d’appartements et de résidences était
réservé à des personnes extérieures. Au Dorat,
il y avait une vie de quartier. Je me suis habituée très vite et très bien à
Bègles, il a fallu peu de temps pour que je m’intègre, grâce notamment à mon
travail d’enseignante à l’école Gambetta et à mon engagement au sein du conseil
municipal. Presque tous les gens se connaissaient, de nom ou de vue, et si
besoin était, ils s’entraidaient. Mais on ne s’invitait pas les uns chez les
autres. Ça ne se faisait pas.
Nous
avions un assez grand jardin avec un garage. Nous faisions le jardin potager
et élevions des pigeons et quelques
poules. On avait de l’espace et les poules faisaient des œufs pour presque
rien.
Il n’y
avait pas de commerçants au Dorat.
Pour les courses, j’allais à Casino,
ce qui me suffisait largement.
Il y
avait beaucoup d’usines de morues à Bègles, du côté de la Cenpa. On voyait les morues qui pendaient sur des barrières de
bois. On les voyait et on les sentait aussi mais je n’en ai conservé aucun
souvenir désagréable. (Madeleine Pinaud)
Cité du Dorat, 27, rue Pierre Sémard. Lieu de vie de Madeleine Pinaud à partir de 1956. |
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